Les cartoneros, reflet de la crise à Buenos Aires

 
avr. 9 2013

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Buenos Aires, capitale de l’Argentine, est l’une des villes les plus polluées au monde. Destination touristique très prisée, cette métropole cosmopolite est attractive mais cache de nombreuses discriminations sociales. Les plus vulnérables ont trouvé une solution face à la crise (2001), devenir « cartoneros » !

Un moyen de survie digne

Des familles entières se sont rassemblées à Buenos Aires pour créer, ensemble, leur emploi et ainsi subvenir à leurs besoins. La différence avec le métier d’éboueur réside dans leur indépendance puisqu’il s’agit d’entreprises individuelles non planifiées et non salariées. Elles gèrent elles même leurs stocks et leur cientèle. Certaines possèdent des attelages de chevaux pour aller plus vite dans leurs tâches et un "train blanc" (vide) qui circulait jusqu'en 2008 leur permettait d'atteindre plus facilement la déchetterie se situant au sud de la ville de Buenos Aires. Les cartoneros se regroupent dans des coopératives artisanales avec un salaire mensuel d’environ 100€ par personne. Un mouvement les représente, le MTE (Mouvement des Travailleurs Exclus). Ils travaillent généralement en famille.

Sergio Sanchez, figure montante

Récemment, on découvrait le leader du MTE, Sergio Sanchez, aux côtés du pape Francisco pour sa cérémonie d’inauguration. Ils se sont connus il y a 5 ans lorsqu’ils se battaient, main dans la main, pour la dignité des travailleurs. Sergio Sanchez était habillé en habit de travail à la cérémonie pour attester qu'il restait digne et fier d'appartenir aux cartoneros de Buenos Aires.

Des enjeux politiques et sociaux

Ce phénomène est à la fois un phénomène social et aussi un « cri » politique. Comme le titrait le journal, Le Monde, les cartoneros sont « écolos malgré eux ». Depuis quelques années, ils passent des accords avec certaines entreprises pour venir collecter leurs déchets chaque jour. Ils les transportent ensuite dans le Sud de la ville où ils sont enterrés. 

Les cartoneros ne sont pas acceptés par certains citoyens (les plus aisés) qui les appellent « les negros » en pointant du doigt leur grande pauvreté . Même les forces de police ne les respectent pas toujours. Pour officialiser cette profession, le gouvernement a décidé de les doter d’uniformes mais les organismes sociaux s’insurgent contre « la normalisation de la misère ». Ils passent progressivement du statut de « ramasseurs » à celui de « recycleurs ».

On a vu émerger des artistes, notamment dans un atelier de la Boca où Eloisa confectionne des objets à partir de cartons qu’elle recycle. Un film a également traité de ce sujet sous la forme d’un documentaire, Cartoneros, sorti en 2006 : 

 

Cartoneros et solidarité font la pair

J'ai interrogé Martin, un jeune homme argentin ayant vécu 10 ans, à Buenos Aires et résident parisien. Il témoigne « J’ai beaucoup de respect pour ces personnes. Elles font un travail digne et évitent ainsi de tomber dans le vol à l’étalage. Elles sont respectueuses des citoyens et font un travail utile pour la société. Elles ont trouvé une manière solidaire de faire face au chômage. C'est un enjeu éminemment politique !".

Il pense, néanmoins, que « cette situation ne sera pas illimitée » et la ville devra passer progressivement à des « moyens plus modernes pour ramasser ses déchets ». 

Quel avenir pour ces travailleurs pauvres ?

Peinture cartoneros d'Olivia Castro Cranwell

Commentaires

Ici en Espagne les gens ramassent du metal dans les poubelles. C'est une solution alternative au manque d'emploi, et devrait faire reflechir les politiques... ça arrivera bientôt en France

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